Tokyo brille, Tokyo resplendit. La jolie capitale lumineuse… Elle en attire plus d’un, invitant chacun à se laisser aller dans ses bras et nous laissons son ivresse nous prendre. Je crois que moi aussi, je me suis laissé éblouir par ce charme mais il finit par disparaître, n’agissant que sur les touristes de passage. On se rend compte des bas fonds. Rome aussi, avait sa part de gloire et dans son nombre, les habitants vivant comme des moins que rien. On a inventé les jeux pour distraire le peuple. Rome, c’est la base de toute société et on tente d’entrer dans le système. Ca fait déjà quelques années maintenant que je me suis dérivé du joli petit sentier… Je trace ma propre route. Si je veux tourner à droite, je n’attends pas un virage, je tourne par envie de tourner et non de suivre. J’ai choisis ce que je fais et moi, ça me va très bien. Tout ceci est peut-être un peu illégale dans un sens mais… Je ne fais de mal à personne et je ne pousse pas les gens à suivre mon exemple. Je laisse venir, je ne promets rien, je ne tends pas de petit biscuit aux chatons égarés. Je ne suis qu’un… Intermédiaire ? Ou un transporteur. J’ai la marchandise et je m’occupe de faire la livraison. Parfois plus grande ou plus petite, tout dépend le client. Client important ou comme un autre. Et en parlant de ça…

Le dos appuyé contre le mur ainsi que mon pieds, on me distingue à peine, je patiente les mains enfoncées dans les poches de ma longue verste. Un regard à ma montre et je réajuste la lanière de mon sac. Je parais comme un lycéen normal quoi que peut-être un peu louche ? Généralement, les demandes, on veut que cela reste discret, par soucis d’anonymat. J’observe, lassé, les patents et me gratte l’avant bras, ponctuant mon geste d’un reniflement. Un vendeur qui ne consomme pas son propre produit n’est pas un bon vendeur, pas vrai ?

Je soupire et enfouit un peu plus mon visage dans mon écharpe. Il est tard, il est retard. Et puis finalement, une silhouette se détache du pénombre, se postant à côté de moi et me tend quelque chose sorti de sous sa veste, gardé précieusement. En échange je lui tend mon sac, je n’allais pas déballer la marchandise mais il la vérifie alors que je range le bout de papier, attendant ses indications pour la suite. J’allais devoir pister quelqu’un en toute discrétion.

▬ Les informations sont dans l’enveloppe… Si tu as un problème, contact moi.

J’hoche doucement la tête et me détache de ce mur, disparaissant comme une illusion passagère… Pourtant la réalité de Tokyo. Je me faufile dans la foule pour retrouver le chemin de ma moto soigneusement garée et je démarre, le bruit du moteur et la vitesse s’accélérant, ne stoppant l’engin qu’une fois devant chez moi, l’endroit que je considère comme le plus sûr. Les gens qui connaissent mon repère se compte sur le doigt de ma main. ‘Parait que je suis bizarre… Je ne peux m’empêcher de sourire en voyant les nombreuses photos placardées sur les murs et je referme la porte à ma suite, allant lire tout ça sur le canapé, mon chat me rejoignant sur mes genoux. Je gratouille son poil et je sors enfin les documents, me mettant à ma lecture.

▬ Kitkat ? Ca ne va pas être facile cette fois…

Meow ? Je rejette ma tête en arrière, songeur. Abandonner ? Certainement pas. Et puis, juste pour le plaisir de voir à quoi ressemble ce genre de soirée, je m’y rendrais. Un œil encore à la photo, le monsieur que je dois suivre serait apparemment un avocat que son collègue désire faire tomber… ou faire chanter ? Mon boulot ne va pas aussi loin. Quelques clichés, c’est tout ce qu’il me fallait. Par contre, vêtements en cuir… Heureusement que j’avais ça dans ma garde robe. J’ai pas mal de trucs, même des trucs dont je n’ai pas le souvenir d’avoir acheté. Oui, comme ce pantalon en cuir que je n’ai jamais mis. Mah, je ne cherche pas à savoir, je l’enfile simplement et part à la recherche d’une veste que je ferme à moitié. Je repère l’appareil photo, j’empoche la liasse de billet dans l’enveloppe et relit le bout de papier pour m’en souvenir mais mon portable me tire hors de mes pensées. Ah, Nue-chan ! … Eh ? Je devais lui apporter une dose aujourd’hui ? Je penche la tête et me creuse la cervelle. Il faudrait peut-être que je pense à avoir un agenda… Pas le choix, je passerais juste avant, je confirme puis range le téléphone dans ma poche en prenant le paquet pour Nue. Je me rends donc à l’endroit habituel et je l’aperçois, venant à sa rencontre, ma tenue semblant attiser sa curiosité qu’aussitôt l’échange fait, elle m’interroge.

▬ Pourquoi tu portes du cuir ?
▬ Pour changer.
▬ Pourquoi tu portes du cuir ?
▬ Pour essayer.
▬ Pourquoi tu ...
▬ Oui bon je vais t'expliquer.

Technique de la demoiselle pour me faire craquer ? Ca marche. J’aurais pu continué, elle aussi, j’ai préféré abréger. J’ai commencé à lui détailler l’endroit où je me rendais et le pourquoi donc de la tenue en cuir. Peut-être une mauvaise idée car elle décida de vouloir s’y rendre aussi. Mah, si elle voulait après tout, il restait de la place sur mon véhicule. On a tous une part de curiosité ne ? Je l’emmène et je lui tends un casque, l’invitant à prendre place.

▬ Allez, monte…

On démarre, ayant évidemment attendu que la miss s’accroche et je me dirige vers son appartement, lui laissant me guider. Bien entendu. Elle ne pouvait pas venir dans cette tenue, on la laisserait à l’entrée… Et j’aurai été obligé de l’abandonner. Ca m’aurait un peu dérangé tout de même… Je m’arrête enfin, la laissant descendre et je l’attends tranquillement, observant un peu le quartier de sa résidence. Les minutes passent et je sors mon appareil photo, une vision me paraissant idéale ~ Je reviendrais, c’est certain. Mah, je demanderai à Nue de poser si elle le veut, les photos paysages sont loin d’être ce que je préfère sans une touche de présence humaine. La porte s’ouvre et elle apparaît. Je ne ferai aucun commentaire… Mais c’est peu vêtu ça quand même non ? Aucun commentaire Jun… Et on reprend notre course folle, montant en vitesse et le vent fouettant nos habits.

Mine de rien, le trajet fut long mais en tant que conducteur, il est plus difficile de se rendre compte du temps qui passe. Le parking est à droite, je tourne, modérant ma vitesse et le moteur se calmant.

▬ Blood and fire ~

J’ai… Un accent anglais très…très catastrophique. En même temps, il fallait s’y attendre en arrêtant l’école. On nous laisse passer, nous ne sommes sans doute pas des invités directes par rapport à tout ce beau monde dont je ne vois pour l’instant pas ma cible… Des intrus dissimulés sous des vêtements de cuir. Tâchons de nous faire discret, ne, Nue-chan ?

*Qu’est ce que je faisais ici ? Sombre, trop sombre. Encore un peu, de toute façon, personne ne m’attend, quelque part, ailleurs qu’ici. Mon lit était confortable, grand et moelleux. Je ne voulais pas partir, je ne voulais plus bouger. Comme chaque matin, je ne supportais pas de me poser les mêmes questions ; Où suis-je, qui suis-je … Comme un exercice matinal. Pourquoi ? Pour ne pas oublier. Parfois, je passais plusieurs heures à réfléchir … Mon corps m’appartient si peu, monopoliser par tant de monde, que souvent, j’oublie. C’est horrible, les souvenirs. Je garde les yeux fermés, comme d’habitude. Une présence, je sentais quelqu’un prêt de moi … Ça bougeait, beaucoup, mais c’était silencieux. Chaud, aussi. Ça se glissait sur mon visage, lentement mais sûrement, comme si cette présence avait peur d’être mangée …*

« Viens par là, Squicky, je vais pas te manger. »

Elle le prit entre ses doigts, puis le posa délicatement contre son cœur qui battait lentement ; son coin préféré. Il était rassuré par ces battements, faibles et lents, mais battement existant. Cette petite créature représentait, peut être à elle seule, l’unique famille actuelle de Nue. Cette dernière, refermant ses yeux aux cils longs, réfléchissait intensément. Il fallait bien se lever, mais elle n’en avait pas envie, après tout elle avait un de ses rares jours de congés. Pas de photos, pas de gens véreux, et pas besoin de voir son boss semi-yakuza que faisait des trafiques quasi-ouvertement par le magazine. Personne ne disait rien, bien sûr, les gens tenaient trop à leurs peaux. Nue ? Elle s’en fiche, tant que la paye tombe, elle n’y fait pas attention et puis, après tout, les malversations ne venaient QUE de lui, il serait le seul à tomber si quelque chose venait à être découvert. De toute façon, il fallait s’y attendre, en venant à Tokyo.

« Squicky, si tu ne dis rien, je ne me lève pas aujourd’hui. »

Silence. Tant mieux, la jeune princesse bourrée de goudron et autres substances étranges remet sa couette sur sa tête. Combien de temps elle restait là, éveillée mais incapable de faire le moindre geste tout simplement … Parce qu’elle n’avait pas envie ? Elle ne sait pas, et s’en fout. Malgré la fenêtre fermée, elle entendait les bruits de sa rue, des gens hurlant, criant, parfois quelques bruits sourds, et dans sa tête, Nue imaginait ce qui se passait. Deux gros bras attrapant un pauvre gars maigrichons qui avait encore déconné, et qui venait de signer son arrêt de mort. C’est sûrement pour ça qu’elle ne se lançait pas là dedans ; elle était tellement détachée et ailleurs qu’elle ne se ferait jamais repérer, mais elle finirait par paumée des trucs. Et puis, son métier lui suffisait, elle vivait même largement au-dessus de ses moyens, vu qu’elle était seule avec Squicky et ce n’est pas ce dernier qui allait la ruiner en nourriture ou autre. Le temps passait, plus rapidement que la miss le pensait, et elle voyait sa chambre devenir plus sombre.

Subitement, son cœur accéléra un peu. Oups. Avait-elle déjà atteint sa limite ? Le temps entre chaque dose rapetissait dangereusement depuis ces derniers mois … Peut être faisait-elle trop appel à son revendeur préféré ? Ou tout simplement, entre les moments où elle passait la nuit là-bas et les moments où il venait lui donner sa dose, elle le voyait beaucoup plus qu’au début. Logique. Son cœur accélérait toujours … Elle soupira, un peu agacée de devoir se lever alors qu’elle avait presque réussit à rester dans un état de larve totale toute la journée. Debout au milieu de la pièce, elle frissonna doucement ; elle était loin de la chaleur douce de sa couette, et en débardeur blanc et culotte assortit, la demoiselle avait légèrement plus froid. Elle enfila un short, traînant sur une chaise, prit son paquet de clopes dedans, et s’installa assise sur le bord de la fenêtre, pensive. Elle croisait les doigts pour que sa clope puisse la calmer, sinon elle allait encore déranger Jun-Kun. Il finirait peut être par penser qu’elle était une Stalker ?

Verdict ? Elle sortit son portable et envoya un message à Jun, lui disant de se rendre à « l’endroit habituel » parce qu’elle avait besoin d’une dose assez rapidement. Elle précisa également qu’elle lui offrirait un gâteau pour le dérangement ; hormis la drogue, quoi de mieux qu’un gâteau pour appâter Jun ? Elle descendit du bord de la fenêtre, enfila un long manteau noir lui arrivant jusqu’aux mollets par-dessus son débardeur et son short noir. Après tout, elle n’y allait que pour l’aller-retour, ce soir, il valait mieux ne pas accaparer Jun, ça ferait quand même plusieurs jours de suite … Squicky, observant sa maitresse depuis le milieu du lit, ne comprenait sûrement pas son agitation un peu plus intense que d’habitude. Elle était loin, très loin de la crise, mais elle ne préférait pas prendre de risque. Elle se passa un coup d’eau sur le visage, effaçant les marques du lit, puis coiffa ses longs cheveux noir de jais rapidement. Elle prit son sac, un petit canif qui ne la quittait jamais –Elle est folle mais pas suicidaire, nuance- puis elle reposa Squicky dans sa cage en lui disant de l’attendre, tout en lui donnant un peu de nourriture au cas où. Puis, la porte se referma doucement derrière elle, laissant le lit en bordel, Squicky seul et le silence s’installer.

Elle arriva au lieu de rendez-vous, peu avant Jun-Kun, habillé en … Cuir ? Une nouvelle mode ou une nouvelle lubie ? C’était louche, très louche, car ce n’était pas du tout son style. Il y avait anguille sous roche et Nue, derrière son air neutre, était parfois prise d’une curiosité un peu mal placée. Elle hocha la tête, façon de dire bonjour à Jun, puis elle prit doucement la dose qu’il lui tendait pour la glisser dans sa poche. Mais la curiosité était trop forte …

« -Pourquoi tu portes du cuir ?
Pour changer.
-Pourquoi tu portes du cuir ?
Pour essayer.
-Pourquoi tu …
Oui bon je vais t’expliquer. »

Nue le regardait, presque l’air amusée. C’était sa façon d’insister, prise de tête, chiante, mais ça marchait souvent. Très souvent. Elle écouta d’une oreille attentive Jun, qui semblait un peu rêveur comme à son habitude. Cette histoire de cuir et de soirée étrange l’intéressait … Elle qui fuyait depuis qu’elle était arrivée les dangers un peu trop important, elle voulait se fourrer dans la gueule du loup. Tout de suite, et en un regard, elle fît comprendre à Jun qu’elle voulait venir. Ce dernier eut un temps de réflexion, puis lui tendit un casque en lui disant de monter. Elle hocha la tête, posa le casque sur celle-ci et monta derrière Jun, s’accrochant à lui pour éviter de tomber. Sa dernière expérience avec une moto, seule, avait finit par envoyée la moto dans un fossé. Une fois en bas de chez elle, Jun resta près de sa moto, attendant sagement que Nue enfile une tenue plus adéquate. En avait-elle ? Sûrement, elle gardait la plupart des tenues de ses shooting photos. Elle ouvrit la porte de son studio, mit d’abords de la nourriture dans la cage de Squicky car la soirée allait sûrement être plus longue que prévu. Elle jeta son manteau sur son lit encore en bataille, sortit la dose de sa poche pour la poser sur sa table et se précipita vers son armoire ; elle ne voulait pas trop faire attendre Jun.

Dans son armoire, il y avait quelques trucs en cuir, dont une tenue de motarde, une combinaison moulante tout de cuir. Elle le sortit, même si cela ne suffirait pas … Elle attrapa un bandeau en cuir, relié à un serre-cou également en cuir par une lanière devant et derrière. Elle retira son débardeur, son short et enfila sa nouvelle tenue, laissant le haut de la combinaison de moto tomber derrière ses jambes. Elle se maquilla, rapidement mais de façon assez extravagante … Il valait mieux y aller sous son statut de mannequin que de citoyenne car si jamais cela tournait mal, son boss se chargerait du travail. Au bout d’une vingtaine de minutes, elle prit un peu sur sa dose, histoire de calmer son cœur qui était toujours en train de battre beaucoup trop vite. Quand elle descendit de chez elle, elle vit Jun avec son appareil, mignon comme tout … Jusqu’au moment où il la regarda, comme retenant une remarque sur sa tenue, mais elle s’en doutait un peu. Elle remit convenablement sa combinaison pour ne pas se faire fouetter par le vent en moto. Le trajet n’était pas très long, elle serrait Jun et lui faisait entièrement confiance, de toute façon il avait l’air de s’y connaître.

« Blood and Fire. »

Quand ils entrèrent, la population présente représentait le « vrai » Tokyo. Des gens étranges, pas nets, sûrement tous mêlés à des choses bizarres. Jun semblait chercher quelqu’un, mais Nue ne lui demanda pas qui, après tout, cela ne la regardait sûrement pas. Jun était quelqu’un de proche, mais elle n’avait aucun droit sur lui. Elle se contenta de remettre sa combinaison comme avant leur départ, puis elle fixait les gens tour à tour, essayant cependant de garder un minimum de discrétion …
Qu’allait-il se passer ?

Lumière vive, crissement de pneus et son des klaxons s’élevant dans les airs. Autant de bruits différents qui devaient plaire à beaucoup et étrangement, il commençait à apprécier lui aussi. Observant la scène du bas du parking, il ne pouvait qu’imaginer le nombre de personnes qui s’engouffraient pour l’instant dans l’endroit, tentant de rejoindre le sommet ; le lieu ou tout se passait. Le monde, la foule grandissante et autant de personnes réunis dans un seul et même espace, quoi de mieux pour le satisfaire lui et ses envies les plus étranges ? Il n’avait pas hésité quand il avait entendu parler de cette soirée ; pas même une seconde. Il voyait déjà trop bien tout ce qui pourrait se cacher ici et les sommes astronomiques de possibilités que cela offrait. Un regroupement d’hommes et de femmes en tout genre et de tout âge quoi de mieux pour lui ? Lui qui pourtant n’avait rien à faire ici ; pas la moindre affinités avec les grosses cylindrées et encore moins l’envie d’en enfourcher une pour dévaler les rues de Tokyo dans la nuit et pourtant … Pourtant celui qui aimait à se déplacer toujours à pied était bel et bien en bas de ce parking ; s’imprégnant déjà du bruit alors qu’il refermait la visière de son casque. Ho ; il était loin de ces fans de moto ; très loin d’eux et de leur intérêt pour la mécanique ; sont seul but en venant là était de voir du monde et d’exercer l’un de ses sombres talents. Il n’avait aucune intention de passer sa soirée les fesses posées sur cette moto qui sortait de nulle part ; qui ne lui appartenait pas serait d’ailleurs plus exact. Il démarra ; poussant l’engin à s’engouffrer dans les étages. Les vêtements en cuir qu’il porte semble bien trop neufs par rapport aux autres ; la moto elle-même semble rouler depuis peu de temps et la gomme des pneus et aussi vierge et impeccable que le reste. Chisei n’est pas un motard. Aucun intérêt ; être sur une moto vous coupe du monde et pourtant c’est avec l’assurance de quelqu’un qui conduit régulièrement qu’il gravit les derniers mètres le séparant de cet étrange soirée … La curiosité pousse toujours les gens dans les lieux les plus étranges … Il fait parti de ses gens ; ceux qui parfois ressentent la subite envie de voir ce qu’il se passe, ceux qui ont envie de se faire une idée très clair des ambiances que l’on peut découvrir quand la nuit enveloppe la belle Tokyo. Il n’a aucune autre envie particulière ; sauf peut-être celle de se mêler à la foule.

« Blood and Fire ~ »

La voix étouffée par le bruit du moteur et le casque semble chanter au moment où ce nouvel environnement s’ouvre à lui. Déjà, un fin sourire étire ses lèvres alors qu’il avance dans une lenteur tout mesurée. Il n’a aucune envie de faire défiler ce paysage devant ses yeux et l’idée de rater quelque chose en seulement quelques mètres est loin de lui plaire. Le marchand de sable est une personne étrange, il ne fait aucun doute qu’il n’a pas l’habitude de venir dans ce genre de rassemblement, pas l’habitude non plus de conduire ce genre d’engin et pourtant il donnera le change. Juste pour que ça passe mieux et que les regards ne se posent pas directement sur lui ; il veut se fondre dans cette masse d’hommes. Et ne pas être repéré dés son entrée qui comparée aux autres semble bien silencieuse. La moto s’arrête dans un souffle quand il redresse sa silhouette, retirant le casque qui laisse alors échappé une foule de cheveux tressés ; voilà pour l’entrée et la mise en scène de l’homme à moto. Honnêtement, il ne pense même pas à la redémarrer avant de repartir ; l’objet ne lui procure rien sauf un passe droit pour pouvoir se fondre un minimum dans cette foule. Il n’y pense déjà plus, scrutant la zone un peu plus précisément. Il n’a vraiment rien à faire là ; au milieu de ses gens … il a trop peu de choses a leurs raconter et pourtant, le jeu semble en valoir la chandelle. Les contours de la nuit, bien qu’imprécis, ont le don de le faire sourire alors qu’il se décide enfin, décollant le cuir de son pantalon du siège … Les idées viendront en temps voulu … il n’y a qu’a imaginer tout ce qu’il pourrait trouver ici ; hommes et femmes divertissant qui, bientôt alcoolisés, deviendront des jouets bien précieux entre ses mains. Il n’a absolument aucune intention de profiter de la soirée simplement par ennui ou par envie ; le profit est bien plus intéressant. L’exercice aussi. Et si se fondre dans cette masse en noir et blanc est une chose qui peut s’avérer plus compliqué que d’ordinaire, il ne doute pourtant de rien. Pas même au moment ou les silhouettes se dessinent encore mieux dans le fond de ses yeux.

Et les chaînes qui entrave ses mouvements semblent disparaître ; elle disparaissent aussi bien qu’il avance, glissant sur le sol malgré le contact trop désagréable d’un cuir neuf contre sa peau. Le monde est un échiquier dont les pièces sont en constant mouvement, il n’appartient qu’a vous de les faire bouger suivant vos envie et le premier groupe qu’il rencontre est celui où il se greffe ; l’idée même de rester en retrait n’est pas pour lui. Il est d’ailleurs bien incapable de rester dans son coin dans ce genre de situation, pas alors que l’excitation remonte le long de son échine, le faisant frissonner. Ho ~ Ces intentions auraient put être louables, elles auraient put être simples et sans arrières pensées, juste l’envie de profiter et de discuter avec des hommes et des femmes que vous ne recroiserez sûrement jamais mais est-ce seulement possible quand on fonctionne comme lui ? A la réponse oui on trouverait encore du sens, mais le non est bien le chemin le plus court à employer et la logique se veut implacable ; le marchand de sable n’est pas là par amour de la vie et du danger, juste présent par besoin de liberté ou de sadisme, l’un comme l’autre ne se trouve malheureusement pas dans le cœur des vivants …

A peine quelques mots échangés avec les personnes qu’il vient de rejoindre et son regard va ailleurs ; il n’a rien compris à ce qu’ils lui racontait. Absolument rien compris et quand les réponses se font muettes, mieux vaut parfois tourner son regard ailleurs ; il ne les vois même pas. Qu’ils soient hommes ou femmes, ils ne se dessinent qu’à peine dans le noir de ses yeux alors qu’il a trouvé un point d’accroche à son regard. Ho ~ Il ne faut pas être d’une douce intelligence pour voir se qui semble se transformer dans ses iris ; étrangement les premières envies semblent bien loin alors qu’il trouve dans cette foule ce qui le satisfait souvent plus qu’autre chose. La Perle Noire est décidément souvent sur sa route en ce moment ; un peu trop peut-être ? Mais l’important n’est pas là ; il la connaît assez pour ne pas trouver étrange qu’elle se retrouve une nouvelle fois vêtue de cuir à quelques mètres de lui ; ce qu’il voit mieux en revanche, c’est le visage de l’homme près d’elle … Ha ~ Il est fou celui qui ne voit pas encore ce à quoi il vient de penser et le sourire se fait plus grand … Il avance … Simplement, et la soirée se teinte de nouvelles perspectives qu’il n’avait pas envisagé en venant ici … Le monde est si noir ce soir, un noir qui se reflètent si bien dans leurs yeux …